Société des Eaux de Guinée : Enfin le temps de l’espoir (Par Ibrahima Kalil Diallo)

Dans l’histoire des peuples et des nations, l’eau est une denrée vitale. C’est pourquoi tous les régimes responsables font de l’accès à l’eau potable pour leurs populations une priorité absolue de gouvernance. C’est le cas du Général Mamadi Doumbouya qui, dès l’aube de sa prise de pouvoir, a rappelé son attachement à la fourniture d’eau aux populations de façon régulière et continue, aussi bien dans ses adresses à la nation que dans ses rencontres avec les acteurs du secteur.

Comprenant que cela passe par des hommes compétents, intègres et dévoués, il a misé sur un cadre chevronné au parcours édifiant. C’est ainsi qu’il a nommé un « produit du secteur » comme Directeur Général de la Société des Eaux de Guinée (SEG), Thierno Mamadou Nassirou Diallo.

À peine nommé, prenant conscience de la noblesse de sa mission, le nouveau DG de la Société des Eaux de Guinée a aussitôt enclenché des actions allant dans le sens de la concrétisation de la vision du Chef de l’État pour le secteur. Ainsi, lors d’une interview accordée à la RTG2, il a fait le point sur la situation de la SEG, notamment les réalisations en cours et les perspectives.

 

Sur la présence de la SEG dans le pays

Après avoir présenté son institution, qui est une société d’État en charge de la production et de la distribution d’eau potable aux ménages et aux entreprises, Thierno Mamadou Nassirou Diallo a fait le point sur la présence de la SEG sur le territoire national : « À ce jour, je peux vous dire que nous sommes présents dans 30 préfectures sur les 33 que compte la Guinée. Les seules qui ne sont pas couvertes pour le moment sont Beyla, Fria et Koubia. Mais je suis heureux de vous annoncer que la convention du projet d’alimentation en eau potable de ces villes a été ratifiée par le CNT grâce à la Banque Internationale du Commerce et du Développement de l’Afrique de l’Ouest (BICDAO) qui s’est proposée pour financer ce projet. Donc, dans les jours à venir, les travaux devraient commencer dans ces villes. » Cependant, a précisé Nassirou Diallo, il faut lever l’équivoque entre la présence et la couverture, car, a-t-il dit, la SEG est bien présente dans toutes ces villes, mais elle ne couvre pas l’ensemble des zones habitables.

Sur la relève, la facturation et le recouvrement (RFR)

Le DG de la SEG a classifié les clients avant d’évoquer les difficultés qui se posent à ce niveau : « À la SEG, nous avons deux catégories de clients : il y a la clientèle privée qui est structurée en plusieurs sous-catégories, notamment les clients domestiques et les clients industriels ; il y a aussi la clientèle de l’administration. Nous avons donc deux indices d’appréciation des outils de recouvrement qui correspondent aux paiements des facturations. À ce niveau, il faut reconnaître qu’il y a des insuffisances qui sont liées à un certain nombre d’aspects, surtout du côté des particuliers où certaines populations sont réticentes face à des difficultés qu’elles éprouvent concernant la fréquence de l’eau. Elles exigent une présence de l’eau 24h sur 24h, ce qui n’est pratiquement pas possible pour le moment. »

 

Sur les causes des failles actuelles de la desserte en eau

Parlant de la non-couverture et de la non-desserte de toutes les zones, il évoque des raisons antérieures. Pour le numéro 1 de la SEG, le manque d’investissements pendant plus de deux décennies a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande à la fin des années 1990 à Conakry. Cela signifie que la capacité de production de la SEG, qui se chiffrait à 150 000 mètres cubes par jour, est dépassée depuis l’an 2000.

« Figurez-vous que de l’an 2000 à nos jours, tous les investissements se rapportent à de la réhabilitation, de la réparation et de l’entretien de l’existant. Donc, il n’y a pas eu d’investissements majeurs pour l’accroissement de la capacité de production. Cette situation a fait que d’année en année, la disponibilité s’est amenuisée et la demande a augmenté. Cela a conduit à la mise en place du plan de délestage. Avant, il y avait des quartiers qui ne manquaient pas d’eau 24h sur 24. »

Les premiers signes de la renaissance

Pour le Directeur Général de la SEG, le 5 septembre 2021, marqué par l’arrivée au pouvoir du Général Mamadi Doumbouya, a été le point de départ du tournant décisif qui est en train de s’opérer à la SEG et qui va sans doute aboutir à la desserte totale des zones de présence de la SEG. Pour la compréhension, Mamadou Nassirou a rappelé que l’histoire de son institution se situe à deux niveaux : il y a la SEG avant le 5 septembre et la SEG après le 5 septembre. Car, a-t-il dit, avant le 5 septembre, il y avait un projet d’adduction d’eau dans 5 villes financé conjointement par la BADEA et le gouvernement guinéen, à savoir Tougué, Lélouma, Gaoual, Yomou et Lola. À l’avènement du CNRD, ce projet était à l’arrêt.

En 2021, Conakry et ses environs (Coyah, Dubréka) avaient fait l’objet d’une étude de schéma directeur financée par la Banque Mondiale. Les conclusions de cette étude ont été présentées en 2019. Entre cette date et 2021, aucune avancée n’a été faite sur ces recommandations. Or, ce schéma directeur recommandait 3 tranches d’investissements. Rappelant que la capacité de production de la SEG était de 150 000 mètres cubes, Mamadou Nassirou Diallo a affirmé que la deuxième étude du schéma directeur portait sur la demande en eau. Cette étude a prouvé que la demande en eau à Conakry se chiffrait à 400 000 mètres cubes par jour, ce qui dégageait un déficit de 250 000 mètres cubes.

Donc, selon lui, entre l’année de l’étude en 2019 et l’horizon 2040, il a été recommandé 3 tranches d’investissements en infrastructures. S’il n’y avait pas eu de retard, il était prévu qu’à ce jour, la première tranche aurait commencé en 2023 pour mobiliser 200 000 mètres cubes et la deuxième tranche était prévue pour 2025 pour mobiliser encore 200 000 mètres cubes pour atteindre la capacité de 400 000 mètres cubes. Ce qui aurait donné 550 000 mètres cubes. Avec une demande de 400 000 mètres cubes en 2019, un excédent de production serait en mesure de combler les besoins croissants des années futures jusqu’à l’horizon 2040 qui a été fixé comme horizon de la troisième tranche.

Pendant les années passées, avant le 5 septembre, l’eau n’était pas une priorité pour l’État, donc pratiquement jusqu’en 2021, rien n’a été fait, tous les projets étaient à l’arrêt.

L’engagement du Général Mamadi Doumbouya pour le secteur et la naissance de l’espoir

Arrivé au pouvoir le 5 septembre 2021, le Président Doumbouya a nommé une nouvelle équipe de gestion à la SEG. Nassirou a occupé le poste de Directeur Général adjoint chargé de l’exploitation et de la Qualité. Selon le DG, lors de sa prestation de serment, le Président a affiché des ambitions très élevées pour le secteur de l’eau avec pour objectif la disparition des bidons jaunes de la ville.

C’est donc pour mettre en œuvre cette volonté du Chef de l’État que la SEG a appliqué les mêmes études du schéma directeur de Conakry à l’intérieur du pays, avec les villes de Fria, Beyla, etc., qui ont été intégrées dans l’étude de ce schéma directeur. À ce jour, au même titre que Conakry, l’ensemble des villes de l’intérieur du pays dispose d’une étude viable et disponible (une situation de référence liée au diagnostic de la fourniture en eau, une situation claire de la demande actuelle et future tablée sur 2040 et une situation sur la ressource en eau disponible dans chacune des villes). Un plan directeur et un plan d’aménagement qui consistent à acheminer l’eau vers les villes et à alimenter les populations.

Ce plan technique, validé par les équipes de la SEG, a fait l’objet d’une étude d’analyse économique et financière chiffrée. À ce jour, la SEG dispose donc d’une étude globale et détaillée.

Le Forum de l’eau et ses répercussions

Dans la même optique de la concrétisation de la volonté du Président pour le secteur, la SEG a organisé fin 2023 le Forum de l’eau qui a réuni l’ensemble des professionnels du secteur ainsi que des experts de haut rang et des bailleurs de fonds du secteur. Des échanges fructueux ont eu lieu au cours desquels des intentions de financement ont été formulées. Les unes pour Conakry, les autres pour l’intérieur du pays. La première tranche de l’étude du schéma directeur du Grand Conakry, qui a porté sur les questions de l’eau potable de Conakry, est totalement bouclée. « Il y a aujourd’hui un financement multi-bailleurs en ce qui concerne les 200 000 mètres cubes de la première tranche. De la prise aux grandes chutes à la pose des conduites de diamètre 1600 sur 44 km jusqu’à Yessoulou, ce package est supporté par EXIM Bank. La station de traitement qui devra servir à traiter et à acheminer toute cette eau à Yessoulou dans la station Yessoulou numéro 4 est financée par la Banque Mondiale. À la sortie de la station, le réseau de la conduite de transport de l’eau traitée jusqu’à Conakry, les réseaux de distribution et les ouvrages de stockage, plus les branchements, sont pris en charge par la Banque Européenne d’Investissement. »

La deuxième tranche, dépendante de la première, a sa source d’approvisionnement située plus en amont, au niveau du barrage de Maneah. « À ce niveau aussi, un investisseur s’est prononcé sur la totalité de la première tranche, hormis le réseau. Des négociations sont en cours pour y ajouter ce premier package. Donc l’objectif, c’est de faire en sorte que ces travaux soient réalisés parallèlement et en même temps », a affirmé Thierno Mamadou Nassirou Diallo avant de déclarer que si tout va bien, les travaux s’achèveront au plus tard dans 24 mois.

Sur le recouvrement et la prolifération des forages

Pour remédier au problème lié au recouvrement, le Directeur Général de la SEG estime que cette question ne se posera plus une fois les travaux de l’étude du plan directeur achevés. Car selon lui, aucun client ne verra l’eau 24h/24 à son robinet et ne pas vouloir payer sa facture.

Dénonçant la triste réalité de la prolifération des forages, qui peut avoir des méfaits pour la santé au cas où l’eau des toilettes se mélangerait à la nappe d’eau souterraine, Nassirou Diallo rassure que l’arrivée très prochaine des 200 000 mètres cubes d’eau sur le réseau pourra mettre un frein à cette situation.

Le message du DG de la SEG au Président de la République, aux travailleurs de la SEG et aux populations

Après avoir énuméré les difficultés et parlé des perspectives de développement, le Directeur Général de la Société des Eaux de Guinée a rendu un hommage particulier au Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, qui selon lui est l’architecte des changements qui s’opèrent actuellement à la SEG. « Monsieur le Président, nous vous restons éternellement reconnaissants pour l’intérêt particulier que vous accordez à notre secteur. Si d’autres doutent, nous ne doutons pas. Nous savons que vous êtes en train de changer la Guinée positivement. Nous prions donc Dieu pour votre santé et pour la réussite de vos actions salutaires envers le peuple de Guinée. »

Aux travailleurs de la SEG, il leur demande de redoubler d’efforts pour l’atteinte des objectifs assignés par le Président de la République pour le bien du peuple. Aux populations, Nassirou leur demande d’être patients car la situation de manque d’eau ne va plus durer. Cela sera bientôt un lointain souvenir avec la réalisation des travaux de l’étude du schéma directeur.

À la lumière de tout ce qui précède, on peut dire sans risque de se tromper que l’espoir est permis pour nos populations en ce qui concerne le prochain approvisionnement en eau potable de façon régulière et continue.

Ibrahima Kalil Diallo

Créé le 22 août 2025 08:00